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atelier de formation
Atelier de formation

Le système de protection de l'enfant au Burkina Faso est composé de deux entités complémentaires : le système institutionnel et le système communautaire. La coexistence de ces deux entités exige une adaptation de la protection de l'enfant non seulement aux normes et standards nationaux et internationaux mais aussi au contexte d'intervention à travers une articulation des deux systèmes. Une insuffisante articulation entre le système institutionnel et communautaire ne pourra garantir à l'enfant des conditions optimum de protection.

L'ancrage communautaire du système national de protection au Burkina Faso est quasi inexistant. Cette méconnaissance des mécanismes communautaires de protection s'explique en partie par le manque de visibilités des actions de ces mécanismes. Si ces mécanismes communautaires sont très peu connus, cela est dû au faite d'une absence de planification des activités en matière de protection. Cette situation vient dépeindre la réalité des insuffisances du système de protection, notamment :

L'insuffisance de moyens de fonctionnement des cadres de concertation entre acteurs de la protection de l'enfant au niveau local et leur dysfonctionnement au niveau national ;

La quasi inexistence de planification régionale, provinciale et communale de la protection de l'enfant ;

L'insuffisance de documentation sur les pratiques culturelles ;

La déficience de l'exercice du rôle de la famille élargie dans l'encadrement de l'enfant.


Être impliqué et participé, suppose à la foi la connaissance par nous mêmes de nos droits et devoirs et de l'autre côté par les autres. Or, les enfants, mêmes s'ils connaissent leurs droits (qui le plus souvent se résume au droit à la vie, à la santé, à l'éducation, à l'alimentation, à la protection et le droit à une famille), ignorent, sinon connaissent très peu les procédures judiciaires ainsi que la manière d'exercer leurs droits.

La connaissance de la loi et des droits nécessite que des services d'information soient mis en place, que les enfants suivent un programme d'éducation aux droits de l'enfant à l'école et qu'ils puissent accéder à des documents et à du matériel rédigés dans un langage qui leur est adapté.

D'un côté, il faut noter la méconnaissance des acteurs de la protection par les enfants, et de l'autre côté l'absence de plan d'action devant impliquer et faire participer l'enfant, en particulier l'enfant handicapé par les acteurs des mécanismes de protection.

Enfin, pour beaucoup d'adultes, les enfants n'ont pas droit à la parole et ont des devoirs avant d'avoir des droits. Ils soutiennent ainsi une approche paternaliste, plutôt qu'une approche moderne des droits de l'enfant. Les réponses des acteurs et des enfants laissent entrevoir des relations verticales entre adultes et enfants, et non pas horizontales. Cette approche centrée sur l'adulte constitue pourtant une limite importante à la mise en place d'un système de protection de l'enfant efficace.

La faible prise en compte de l'intérêt supérieur de l'enfant et de son opinion dans les décisions le concernant résulte, non pas du déni du besoin des enfants, mais des discours et pensées contradictoires, parfois conflictuelles entre la proclamation universelle des droits des enfants et les valeurs culturelles africaines.


Toute action de protection de l'enfant contre la vulnérabilité ou le risque, la violence, l'exploitation, la maltraitance ou l'abus doit s'inspirer des valeurs fondamentales de référence qui constituent les principes directeurs en matière de protection de l'enfant. De ces principes, nous retiendrons, entre autres, que :

L'intérêt supérieur de l'enfant doit être la considération première et exclusive dans toute action de protection. Cela traduit le respect absolu du droit de l'enfant à la protection en toutes circonstances qui est un devoir sacré pour l'Etat, la communauté et la famille. Il s'agit également de promouvoir sa participation et sa responsabilisation en ce qui concerne sa propre protection et aux prises de décisions le concernant par des attitudes d'écoute, de dialogue et de prise en compte de son opinion ;

L'équité, la non-discrimination et l'égalité de traitement : tout enfant a le droit d'être protégé indépendamment de son âge, son sexe, sa religion, sa filiation, sa situation socio-économique, son origine ethnolinguistique ou de son handicap éventuel. En somme, toutes les actions de protection de l'enfant doivent être respectueuses des textes juridiques.

En effet, les acteurs interrogés s'inscrivent dans cette direction, et cela est encore bien illustré à travers les familles d'accueil, qui jouent un rôle très important dans le dispositif du système de protection. Les enfants sont accueillis sans aucune discrimination.

Cependant, des données sur le nombre d'enfant placés, on note une faible représentation des enfants en situation d'handicap. Sur 881 enfants qui ont été accueillis (courant 2023-2024) par les réseaux communautaires de protection de l'enfants, on dvnombre 10 enfants handicapés soit 01,13%.

Qu'est ce que cela signifie ? Faible capacité des acteurs à répondre aux besoins spécifiques des enfants handicapés ou absence de volonté des acteurs ? Pour les acteurs, tant que les enfants handicapés seront signalés comme victimes, ils bénéficieront d'une protection au mˆme titre que les enfants sans handicap, même si effectivement, le renforcement de capacités des acteurs s'avère nécessaire.

L'on pourrait croire, d'un côté, que les enfants handicapés sont très peu victimes de violences et d'abus ; et de l'autre côté, il s'agira des préjugés et représentations sociales du handicap toujours d'actualité qui n'accordent de droit à la protection à l'enfant handicapé, qui mieux est, sinon, réfutent le droit d'ˆtre humain à ses enfants.

La question est profonde et soulève la problématique de l'acceptation du handicap dans nos sociétés, et bien au-delà du droit des enfants handicapés avant d'être une question de renforcement de capacité des acteurs et d'insuffisance de ressources financières.


Cette étude à visée catalytique, nous renseigne sur les mécanismes de protection existants au niveau national et communautaire mais aussi les axes d'interventions possibles à mê;me de renforcer le système de protection de l'enfant, tant au niveau des zones d'intervention du projet que dans la structuration du fonctionnement du système dans son ensemble. En outres, l'étude a également permis de mettre en lumière des acquis, sur lesquels toutes interventions futures devraient travailler à renforcer. Au titre des acquis et forces révélés par l'étude nous pouvons retenir :

L'existence de mécanismes tant au niveau national que communautaire ;

Une riche législation et d'un cadre juridique national sur la protection de l'enfant qui si elle était appliquée aurait contribuer à mieux protéger les enfants et leur épanouissement ;

L'existence d'acteurs engagés qui œuvrent pour la protection de l'enfant De la disponibilité et de l'engagement des acteurs des mécanismes ;

Existence de dispositifs de signalement et de prise en charge des cas au niveau national.


Au titre des insuffisances nous retenons:

La faible connaissance des mécanismes de protection par les communautés et les acteurs ;

La faible implication et participation des enfants dans la mise en œuvre de ces mécanismes ;

La faible sinon la non prise en compte de la protection spécifique des enfants handicapés par les mécanismes de protection ;

La faible organisation du fonctionnement des mécanismes ;

L'insuffisance de compétences techniques des membres des mécanismes communautaires de protection de l'enfance pour la prise en compte de la protection spécifique des enfants handicapés;

L'inexistence de ressources financières allouées à la prise en compte de la protection spécifique des enfants handicapés dans le budget des mécanismes communautaires de protection de l'enfance.

Ainsi donc, toutes éventuelles interventions, à la lumière de cette étude, visant à améliorer la protection des enfants handicapés de façon spécifique et renforcer le système de protection, pourrait donc travailler :

À promouvoir non seulement les droits et les devoirs des enfants handicapés ;

Améliorer la connaissance des mécanismes communautaires et nationaux de protection de l'enfant par les communautés et les enfants y compris les ESH ;

Vulgariser la cartographie des acteurs réalisées dans les différentes zones afin de mieux les faire connaitre ;

Faire une large diffusion les dispositifs de prise en charge existants ;

À renforcer les compétences techniques et organisationnelles des acteurs de protection, tant dans le domaine du handicap que des pratiques en matière de protection et de sauvegarde de l'enfant en situation de handicap ;
et enfin,

À renforcer l'autonomisation économique des familles d'accueil pour une meilleure prise en charge des enfants handicapés placés.


Un enfant handicapé assis
M. Jean Claude KAM ,
Assistant Chargé du Projet améliorer la sauvegarde
et la protection des enfants handicapés de l'ODDS
Photo d'un enfant en handicapé assis

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